Je l’ai déjà mentionné à plusieurs reprises : ce n’est pas parce que je tiens ce blog que je connais les raisons qui nous poussent à courir. Je suis moi aussi à la recherche du sens. À travers mes interviews et mes lectures je découvre les motivations de mes semblables. J’en apprends également un peu plus sur moi-même et sur les raisons qui me poussent à courir depuis autant d’années. Cependant et jusqu’à il y a très peu de temps, je n’étais pas convaincue d’avoir trouvé la clef du mystère. Aujourd’hui c’est chose faite et c’est avec grand plaisir que je partage avec vous mes découvertes.
Le Flow
C’est en lisant le livre « Après quoi tu cours ? » de Jean-François Dortier et son chapitre dédié au plaisir que j’ai découvert le concept de flow. Ou plutôt j’ai réalisé ce qui se cache derrière ce terme. En effet je lis moi-même depuis quelques années un magasine portant le même nom. Je n’avais cependant jamais fait le rapprochement entre ce concept et mon approche du bonheur, du plaisir et plus particulièrement de la course à pied.
La psychologie positive
La notion de Flow a été introduite dans les années 1990 par le psychologue Hongrois Mihaly Csikszentmihalyi, un des acteurs principaux de la psychologie positive. Ce courant consiste en l’étude des conditions et mécanismes qui contribuent au fonctionnement optimal des gens. Cette approche remet en cause la théorie freudienne concernant les origines et le traitement de la dépression. En effet l’objectif majeur de la psychologie positive est d’aider les intéressés à construire une vie heureuse par des “interventions positives” plutôt que par une focalisation sur des dysfonctionnements psychologiques et une analyse interminable d’événements du passé.
Cela nous donne à nous individus beaucoup plus de pouvoir sur ce que nous sommes et ce que nous pouvons devenir. J’aime cette idée! Nous pouvons tous atteindre une meilleure version de nous-même en adoptant un regard positif sur soi et sur le monde environnant et en exerçant des activités qui sollicitent nos forces et nos talents. L’art, le sport et les sciences en sont un exemple.
Plaisir passif vs. Plaisir actif
Il faut bien différentier le flow du simple plaisir. Alors que le plaisir est une forme de jouissance passive, le flow est un accomplissement, une réalisation. Il implique des efforts et donc éventuellement de la souffrance. La course est un très bon exemple de plaisir actif puisqu’elle se manifeste à travers la réalisation de soi dans l’effort. C’est une activité qui se distingue très nettement du plaisir contemplatif puisqu’elle nécessite un engagement, de l’action, un défi à relever, des obstacles à surmonter.
Tenir dans la monotonie de l’activité de course de fond ou d’ultra fond n’est possible que si on est convaincu qu’un effort répété produit du sens. Et produire du sens c’est du plaisir et de la joie. Le problème étant que la répétition décroît l’intensité du plaisir. Le plaisir est toujours là mais plus le kick. C’est exactement ce qui pousse le sportif de l’extrême à aller toujours plus loin. Pour le plaisir de sentir la pente tirer dans ses cuisses, signe que le muscle travaille, et pour le plaisir de sentir la douleur qui s’estompe, pour le plaisir de se sentir vivant.
Le coureur est à la recherche de l’extase dans le dépassement de soi. Il est en quête de cette alchimie qui se produit lorsque la souffrance générée dans un effort démesuré est dépassée. Notre corps encaisse bien plus qu’on ne pourrait l’imaginer. Sentir son corps aller au bout de lui-même c’est se sentir exister. La douleur permet à l’individu de se sentir habiter son corps.
Les éléments constituant du flow
Dans son livre « Vivre. La psychologie du bonheur », Mihaly Csikszentmihalyi définit les les caractéristiques de l’expérience optimale, d’une vie meilleure de la façon suivante :
- Défi et habileté : la tâche entreprise est réalisable mais constitue un défi et exige une aptitude particulière
- La concentration : l’individu se concentre sur ce qu’il fait.
- La cible visée est claire.
- L’activité en cours fournit une rétroaction immédiate.
- L’engagement de l’individu est profond et fait disparaître toute distraction
- Contrôle : la personne exerce le contrôle sur ses actions
- La perte de la conscience de soi : la préoccupation de soi disparaît, mais, paradoxalement, le sens du soi est renforcé à la suite de l’expérience optimale
- La perception de la durée est altérée
L’engagement dans une tâche qui remplit ces critères (comme la course de fond par exemple) constitue une expérience optimale qui entraîne des conséquences très importantes : meilleure performance, créativité, développement des capacités, estime de soi et réduction du stress. Cette vie meilleure contribue à l’épanouissement personnel, elle apporte un grand enchantement et améliore la qualité de vie au quotidien.
Courir parce que c’est bon
Dans son livre « Courir de plaisir », Nathalie Lamoureux, journaliste au Point et Ultra-traileuse, explique ce qui pousse les ultra-fondeurs à fournir un effort qui semble pour beaucoup complètement absurde. Nathalie renverse le problème et pose la question du sens donné aux choses. Qu’est ce qui est le plus absurde ? Courir 900 km sur une piste comme le font certains coureurs de l’extrême ou passer deux heures dans le RER matin et soir ? Le sens que nous donnons aux choses nous appartient. Pourquoi faire souffrir son corps sur de très longues distances alors qu’une heure de footing suffit à créer du bien être ? On pourrait de la même manière se demander pourquoi engloutir une tablette entière de chocolat et ne pas se contenter d’un seul carré. Dans les deux cas la réponse est la même : parce que c’est bon! Parce qu’être raisonnable ne suffit pas. Parce que l’homme est un être passionné et que la passion s’exprime dans la démesure.
Courir pour la fête
Nathalie fait également l’analogie entre le fêtard de l’extrême et l’ultra marathonien. L’ultra fond n’est pas qu’un sport. C’est aussi et surtout une fête de et dans l’excès. La ressemblance entre un raveur et un ultra-traileur est troublante. Tous deux évoluent sur une piste dans une ambiance extasiante. Tous deux sont des marginaux déphasés par rapport à un système traditionnel de pensées et de pratiques festives pour l’un, et sportives pour l’autre.
Courir pour être libre
Dans le même ouvrage Nathalie explique que nous pouvons trouver le bonheur que si on est bien dans sa tête. C’est á nous de créer les conditions de l’expérience optimale (cf. les 8 caractéristiques développés par Mihaly Csikszentmihalyi). L’exigence envers soi-même et envers les autres est l’expression de la liberté. Personne n’appartient à personne. Rien n’est jamais acquis. C’est ainsi que le trail permet au coureur de fond de révéler ses talents mais en aucun cas de réaliser ses rêves.
Si toi aussi tu t’intéresses à cette approche de la motivation cherche les hashtags #whydoyourun et #entredeuxmondes sur Instagram. Si tu souhaites à ton tour être diffusé sur mon instagram (@whydoyourun_entredeuxmondes) ou sur mon blog (www.whydoyourun.eu) contacte-moi ! Je pourrai ainsi suivre tes motivations et je partagerai ton témoignage auprès de ma communauté.