“Why do you run?”, “Pourquoi cours-tu ?” ou encore “Warum läufst Du?”. La question du sens n’a pas de frontière et c’est vrai aussi pour la course à pied! Débutant, confirmé ou pas encore convaincu, à travers l’acte de course à pied nous courons tous après quelque chose et cela quelque soit notre nationalité, nos croyances, notre origine sociale ou encore notre niveau de vie. Mais est-ce que “ce que nous sommes” a une influence sur notre pratique de la course à pied? Pouvons nous définir des profils de coureur en fonction des motivations individuelles? Ou au contraire la course a-t-elle un caractère universel qui unit à travers les différences?
Des motivations individuelles
Pourquoi est-ce que nous courrons? Au moment où vous lisez ces lignes des milliers de personnes enfilent leurs baskets et partent courir, comme elles le font régulièrement. Que recherchons nous? Perde du poids pour plaire? Se sentir bien dans sa peau? Se libérer l’esprit des soucis quotidiens? Repousser ses limite? Impressionner ses proches? Devenir un héro? Repousser la mort? Quelque soit notre routine course à pied et le lieu où nous la pratiquons, nous avons tous nos propres raisons qui nous poussent à courir.
Nous courons tous pour de multiples raisons qui rendent nos motivations complexes à appréhender, si bien que nous suivons des entraînements différents. En effet ma pratique de la course à pieds peut me convenir alors qu’elle sera inadaptée pour quelqu’un d’autre. Je dirais même qu’une pratique ne prenant pas en compte les motivations individuelles pourrait altérer notre motivation.
Cyril Gindre dans son livre « Je cours pour ma forme » dégage 6 profils types de coureurs qui classent des profils psychologiques en fonction de leurs motivations et permettent donc de proposer un entraînement adapté.
1- L’esthète
Le coureur esthète voit dans la course à pied un outil servant à améliorer son apparence. Il est centré sur son physique et le moyen de le sculpter conformément à son idéal esthétique. Il ne cherche pas à améliorer sa performance à proprement parler. La progression s’exprime à travers la transformation du physique. Pour le garder motiver il faudra lui proposer une entraînement qui lui permettre de constater rapidement ses objectifs esthétiques.
2- Le calme
Pour ce type de coureur la course et la compétition ne sont pas les objectifs premiers. Ce sont plus une suite logique de cette activité. Ce type de coureur trouve sa motivation dans l’évasion pendant la pratique.
Pour motiver ce type de profil il faudra proposer des séances qui lui permettront de fuir le stress quotidien.
3- Le détente ou le loisir
Il considère la course comme une récréation active à une vie sédentaire. C’est un réponse au besoin de se faire plaisir dans le mouvement. Il s’agit de se défouler tout en se faisant du bien sans pour autant faire de la compétition.
Comme l’activité est considérée comme un jeu récréatif, la progression peut être envisagée comme objectif permettant de profiter toujours plus de l’activité. Ce type de coureur est réceptif à la proposition d’entraînement structuré à partir du moment où l’activité reste ludique.
4- Le sociable
Ce type de coureur est dans son élément en club ou dans une association. Sa motivation tiendra le coup tant que ses amis seront présents. La course en solo n’est pas une option pour lui.
La compétition n’est pas l’objectif premier même si pour adhérer à un groupe, le sociable pourra y adhérer sans y prendre pour autant du plaisir.
5- Le sportif
Le sportif dans son désir de bouger est sensible aux propositions d’entraînement orienté sur la performance.
Son épanouissement passe par le plaisir à pratiquer et à progresser. La compétition est envisagée sans pression et sans objectif précis. Il s’agit juste d’un moment de jeux organisés. Courir en soi est épanouissant que se soit à l’entraînement ou en compétition.
6- Le compétiteur
C’est un coureur qui planifie ses temps libres en fonction de ses objectifs sportifs. Il est un pratiquant exclusif.
Il se fixe des objectifs à réaliser pour lesquels il va se préparer avec des plans d’entraînement. La réalisation de soi passe par l’exploit et le franchissement de l’obstacle.
Des approches culturelles
Au delà des motivations individuelles il existe une ou plutôt des approches culturelles de la course à pied.
Comme Jean-François Dortier nous l’explique dans son livre “Après quoi tu cours?“, au nord du Mexique, dans l’état du Chihuahua, la course à pied est célébrée par le peuple des Tarahumara. Les populations se rendent en courant d’un village à un autre du fait de la difficulté d’accès aux villages. La course est complètement intégrée aux modes de vie et même célébrée lors des fêtes de village où les hommes et les femmes s’affrontent dans des courses folles de plusieurs dizaines de kilomètres. L’une des courses rituelles la plus célèbre est le rarajípari, une course d’endurance d’hommes relançant du pied une boule de bois sur une distance définie par un pari, parfois durant deux jours ou sur près de 200 Km, ou encore l’ariwetaune course de femmes rattrapant dans la foulée, du bout d’une canne, un anneau qu’elles projettent aussitôt en avant.
Au contraire dans les pays occidentaux la course à pied à tendance à se banaliser. On entend très souvent dans son entourage des personnes dire d’un ton gêné “Oui, oui, je cours mais jamais plus de 10kilomètres une ou deux fois par semaine…c’est rien ». A force de voir des exploits sportifs tous plus fous les uns que les autres sur les réseaux sociaux, le fait de « seulement courir » est devenu banal. De plus cet acte de libération pour certains ou de culte du corps pour d’autres est un luxe que seuls des pays riches peuvent se permettre.
On pourrait continuer l’analyse en citant le Corée du nord où la course à pied est vue comme une curiosité, ou au contraire le Gabon où le coureur occidental n’est pas le bienvenu. C’est au moins ce qu’avance Gilbert Brisbois, globe-runner de l’extrême, dans un podcast “Dans la tête d’un coureur” en soutenant l’hypothèse qu’il existe autant d’approches de la discipline que de cultures.
La course unit
La course à pied est universelle dans la mesure où tout le monde a la possibilité de courir. La simplicité de ce sport, son accessibilité et sa nature même, permet d’être pratiqué par tous quel que soit notre origine sociale, notre couleur de peau ou notre niveau de vie.
Il suffit de rejoindre la ligne de départ d’une course officielle pour observer les nuances de couleurs, de tenues et d’émotions. Participer à une course c’est faire l’expérience du mélange et de la diversité. Ce n’est que l’effort personnel de chacun qui fera que certains iront plus vite que d’autres pas leur origine ou ce qu’ils sont. Vous en avez peut être déjà fait l’expérience lors d’une course ou dans un club. Tout le monde vient à se parler sans connaître leurs prénoms au début.
En ce qui me concerne, je fréquente une association de triathlètes et participe régulièrement à des évènements sportifs. C’est pour moi l’occasion d’échanger avec des personnes à qui en temps normal je n’aurais sans doute pas adressé la parole.
La course rassemble des personnes qui sur le papier n’ont absolument rien en commun. On se tape dans la main, on se félicite. L’effort unit. Ce n’est qu’en creusant un peu qu’on commence à remarquer qu’un tel est banquier, l’autre employé d’usine, catholique, juif, communiste, capitaliste, etc. Peu importe ce que l’on est, tout le monde est là pour franchir la même ligne d’arrivée. Nous sommes ensemble, dans nos singularités certes mais à égalité.
La course libère
De plus lorsque je cours c’est bien moi qui habite mon corps et pourtant mes pensées s’envolent. Vous connaissez peut être la nouvelle de Alan Sillitoe “La solitude du coureur de fond“. Il s’agit de l’histoire du jeune Colin qui est emprisonné dans une maison de correction pour avoir commis quelques délits sans gravité. Pour se libérer de son enfermement, dans la cour du pénitencier, il court et court encore. C’est l’occasion pour lui de s’évader en pensée.
Je comprends très bien ce jeune Colin. À mes yeux l’une des vertus de la course à pied est son effet libérateur. Et cette vision de la course est confirmée par toutes les personnes que j’interview sur les raisons qui les poussent à courir: se détendre, respirer de l’air frais, avoir un sentiment de bien-être, se prouver qu’on est capable de, se défouler, rechercher la tranquillité, avoir son moment de liberté.
Rien de mieux qu’une bonne sortie running pour chasser les idées noires et retrouver un mental d’acier. Lorsque je vais courir je sens littéralement mes pensées quitter mon corps. Cela me permet de méditer en pleine conscience, de me concentrer sur le moment présent et mes sensations retrouvées. Je m’envole en quelques sortes et commence alors un entretien avec moi-même. C’est en cela que la course à pied a une part d’universalité. Elle nous libère tous, indépendamment de l’origine et de la nature de nos chaînes.
Si toi aussi tu t’intéresses à cette approche de la motivation cherche les hashtags #whydoyourun et #entredeuxmondes sur Instagram. Si tu souhaites à ton tour être diffusé sur mon instagram (@whydoyourun_entredeuxmondes) ou sur mon blog (www.whydoyourun.eu) contacte-moi ! Je pourrai ainsi suivre tes motivations et je partagerai ton témoignage auprès de ma communauté.